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MODÈLE DE LA DOUBLE ÉVALUATION DE LAZARUS ET FOLKMAN

Les facteurs de stress sont perçus et interprétés comme n’importe quel autre stimulus. Parallèlement à cette conception du stress, c’est donc développée une conception cognitive du stress. C’est le modèle de Lazarus et Folkman (Lazarus R., Folkman S., « Stress, Appraisal and coping » 1984) qui s’impose comme le plus intégratif des modèles cognitifs du stress (Edwards, 1992).

En 1984, Lazarus et Folkman ont étudié la détresse subjective et les perturbations du système nerveux autonome par l’enregistrement de la fréquence cardiaque et des réponses électrodermales chez des personnes qui regardent des parties de films à différentes situations émotionnelles.
Ils ont trouvé que le stress dépend du processus d’évaluation cognitive. Selon eux, le stress provient « d’une relation particulière entre la personne et l’environnement, relation qui est évaluée par l’individu comme dépassant ses ressources et menaçant son bien-etre » (Lazarus R., Folkman S., « Stress, Appraisal and coping », 1984).
Suite à cette étude, Lazarus et Folkman ont proposé que le stress ne dépende pas de chaque individu, ni de l’environnement qui l’entoure, il viendrait de l’état cognitif qui évalue chaque situation et sa capacité à s’y adapter.

Ce modèle aborde l’intensité du stress comme le produit entre la réalité objective et la perception qu’en a l’individu. Cette perception est déterminée par l’écart entre une évaluation primaire et une évaluation secondaire.
En effet, face à une situation stressante, nous procédons immédiatement à son évaluation, de façon subjective. Cette évaluation est un processus mental pour lequel nous allons apprécier deux éléments : le risque ou la menace que peut contenir la situation, et les ressources que nous avons pour y faire face.

Il s’agit d’une double évaluation de la situation :

L’ÉVALUATION PRIMAIRE

Cette première évaluation est dirigée vers le stresseur : nous percevons le risque éventuel qui est analysé par notre cerveau. L’individu se demande quelle est la nature de la situation et quel impact elle peut avoir sur lui. Un meme événement peut par exemple etre évalué par certains comme une perte et s’accompagner de sentiments de tristesse, de honte ou de colère. D’autres peuvent l’évaluer comme une menace et s’accompagner d’anxiété et de peur. Il peut enfin etre perçu comme un défi et s’accompagner d’excitation, de fierté et de joie.
Par exemple, un employé est sollicité pour établir un discours pour une conférence qui aura lieu le lendemain. L’individu peut évaluer cette intervention avec un sentiment de colère : le délai semble trop court. Il peut appréhender ce travail avec anxiété : « Serai-je apte à exécuter correctement mon travail ? ». L’employé peut aussi percevoir cette conférence avec excitation, considérant ce travail comme un défi.

II.4.1.2. L’évaluation secondaire

L’évaluation secondaire est, quant à elle, dirigée vers nos propres capacités à gérer la situation. Le sujet se demande comment faire face à cette situation, de quelles ressources il dispose et quelle sera l’efficacité de ses tentatives.
Ces évaluations sont automatiques et rapides, et sont par conséquent, rarement le résultat d’une analyse rationnelle de notre part. Elles sont entièrement subjectives, et dépendent énormément de notre personnalité, de nos expériences passées et des souvenirs que nous avons gardés de situations semblables ou du passé. En effet, la mémoire affective – la mémoire des sensations et des émotions – joue un grand rôle dans la réponse psychologique du stress. L’environnement – un lieu ou une musique par exemple – peut susciter un souvenir stressant, et ainsi provoquer une réaction de stress.

Ce sont nos évaluations qui déterminent le déclenchement ou non de la réaction de stress. C’est-à-dire que le stress va se manifester si nous avons évalué que nos ressources pour faire face à la situation étaient insuffisantes par rapport à la menace : autrement dit, si nous percevons un déséquilibre entre les deux évaluations.
LES STRATÉGIES DE COPING
DÉFINITION DU COPING

Dans une situation de stress, l’individu ne reste pas inactif. Au-delà des réactions physiques de stress qui surgissent en lui, il va tenter d’y répondre. On parle de « coping », mot anglo-saxon, qui veut dire « faire face ».
Le coping peut ainsi etre défini comme la façon dont l’individu va raisonner et agir afin de remédier aux aspects négatifs d’une situation stressante. C’est un processus d’ajustement cognitif (manière de penser) et comportemental (manière d’agir) qui est destiné à maitriser ou tolérer une situation dangereuse.

Le coping est un concept récent, proposé pour la première fois dans un ouvrage de R. Lazarus : « Psychological Stress and Coping Process » (1966). Mais cette notion de coping s’est précisée par l’étude que menèrent Lazarus et Folkman en 1984 : « Stress, Appraisal and coping ». Ils ont appliqué une échelle de 67 items (la WCC : Ways of Coping Cheklist) 100 adultes qui devaient y répondre chaque mois pendant un an, en pensant à un événement récent qui les avait perturbés et à la façon dont ils avaient réagi. Ils obtiennent en regroupant ces réponses deux stratégies générales : le coping centré sur le problème et le coping centré sur l’émotion.
LE COPING CENTRE SUR L’ÉMOTION

Le coping centré sur l’émotion vise à gérer les réponses émotionnelles induites par la situation. Cette stratégie tend à diminuer la réaction du stress en agissant sur les réactions physiologiques, émotionnelles et psychologiques. Les exemples de coping centré sur l’émotion sont la relaxation, l’engagement dans une autre activité distrayante (le sport, le jardinage…), la consommation de substances (alcool, tabac, médicaments), la recherche d’un soutient social, le déni, la colère, l’humour, ou encore le coping « religieux » (croire en Dieu ou en un dieu peut diminuer le caractère stressant d’un événement de vie).
LE COPING CENTRÉ SUR LE PROBLÈME

Cette stratégie vise à réduire les exigences de la situation et/ou à augmenter ses propres ressources pour mieux y faire face. Les exemples de coping centré sur le problème sont la recherche d’information concernant l’événement stressant, l’action pour supprimer le stresseur ou encore la maitrise de soi (en ne réagissant pas trop vite ou en prenant du recul pour analyser correctement la situation afin d’agir en conséquence).
Le coping centré sur le problème est un coping de stratégie active ou coping « vigilant ».

COPING ACTIF ET COPING PASSIF

Il s’agit d’une autre façon de classer le coping. On distingue une forme de stratégie active et une forme de stratégie passive. Suls et Fletcher ont réalisé en 1985 une méta-analyse portant sur 43 recherches antérieures, consacrées au coping. Ils aboutissent à deux grands types de coping :
Le coping de stratégie active ou le coping « vigilant » se manifeste par l’affrontement de la situation en cherchant un moyen pour agir comme l’information, le soutien social ou le développement d’un plan d’action.
Le coping de stratégie passive ou le coping « évitant » se manifeste par des comportements de fuite, d’évitement ou meme d’agressivité. Il comprend également des attitudes de déni, de résignation ou de fatalisme.
Il y a une parenté des stratégies passives ou coping évitant avec le coping centré sur l’émotion et des stratégies actives ou vigilantes avec le coping centré sur le problème.
La stratégie de coping est efficace si elle permet à l’individu de maitriser la situation stressante ou de diminuer son impact sur son bien-etre physique et psychique.
Dans le domaine du stress professionnel, plusieurs études ont montré que le coping « centré sur l’émotion » et le coping « évitant » pouvaient à long terme provoquer des effets nocifs. Il induit un niveau élevé de dépression et d’insatisfaction professionnelle (Israel B. A., House J. J., Schumann S. J., «The relation of personal resources, participation, influence. Interpersonal relationship and coping strategies to occupational stress, job strains and health: a multivasiste analysis », 1989).

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