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Le stress est un mot entré dans le vocabulaire courant, avec une définition souvent inexacte. Il s’agit pourtant d’un concept scientifique qui correspond à une «réaction de l’organisme à une agression par un agent physique, psychique, émotionnel entraînant un déséquilibre qui doit être compensé par un travail d’adaptation».

Ce travail d’adaptation se déroule au sein de l’organisme. Il peut être néfaste ou parfois utile, voire essentiel. En effet, on a constaté qu’un minimum de stress est nécessaire pour accroître les performances d’un individu, on parle de « bon » stress ou « eustress ». Mais un stress trop intense provoque les effets inverses, on parle ici de « mauvais » stress ou « distress » 

L’étymologie du mot « stress » est française : elle provient du vieux français « estrece » qui signifiait étroitesse, oppression ; qui venait du latin « stringere », serrer. Ce mot traverse la Manche pour désigner « la contrainte » dans la langue anglaise.

Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, de nombreux chercheurs avaient pressenti l’existence du « stress » en tant que mode de réponse générale d’un organisme vivant face à des agressions extérieures. 
Charles Darwin avait ainsi remarqué le rôle essentiel de la peur comme moyen de mobiliser l’organisme et de faciliter sa survie, en l’aidant à faire face au danger (Darwin C., « The Expression of the Emotions in Man and Animals, Oxford University Press », 1872).

En 1935, Walter Cannon évoquait la sécrétion d’adrénaline en réponse à la peur et à la fureur (Cannon W., « The Wisdom of the body », 1932). Cannon démontrait le mécanisme de sécrétion de l’adrénaline qui permet à l’organisme de faire face aux changements extérieurs (variation de température par exemple) et intérieurs (comme les besoins énergétiques de l’organisme par exemple). Il définit le stress comme « correspondant à des stimuli aussi bien physiques qu’émotionnels, éventuellement en rapport avec l’organisation sociale et industrielle » (Cannon W., « Stress and strain of homeostasis », 1935).

Mais l’histoire du « stress » commence réellement dans un laboratoire de physiologie dans les années 1930. Hans Selye, chercheur canadien, remarqua que beaucoup de maladies infectieuses se manifestaient par les mêmes symptômes. 
C’est en effectuant des recherches sur les hormones sexuelles du rat, qu’il se rendit compte que leur état de santé se dégradait de plus en plus. Il décida de remplacer les injections d’hormones sexuelles, qu’il introduisait dans le corps de ses cobayes, par des injections de formol ou d’eau contenant des impuretés. Il observa les memes effets néfastes. 
Il en déduisit que les substances chimiques qu’il injectait aux animaux n’étaient pas directement en cause. Sur d’autres rats, auxquels aucune substance n’était injectée, il remarqua également une dégradation de leur état de santé, lorsque ces animaux se trouvaient dans un environnement pénible (froid, manipulations). Il en conclut donc que l’état de ces rats s’altère lorsque ces animaux sont confrontés à des agents agresseurs. Les modifications alors constatées portaient sur : 
le sang circulant,
 le tissu lymphoïde,
 le tissu réticulo-endothélial.

Hans Selye mit en évidence le lien étroit entre les agressions toxiques et physiques sur l’organisme, et leur impact sur le système endocrinien. Ainsi, à chaque stimulation, l’organisme répond de façon stéréotypée, par des changements biochimiques identiques : « Le stress est la réponse non spécifique que donne le corps à toute demande qui lui est faite » (Hans Selye).

Il s’agit en fait d’un mécanisme d’adaptation de l’organisme face à des « stresseurs » (Selye H., A Syndrome Produced by Diverse Nocuous Agents, 1936). Pour différencier la réaction qu’il avait découverte de celle qu’avait identifiée Cannon, il proposa de la désigner sous le nom de « syndrome général d’adaptation », et donna plus tard le nom de « stress ».

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